Depuis quelques les années, les coureurs doivent affronter de redoutables étapes de montagne programmées pour départager les principaux concurrents de la petite reine à travers les Pyrénées et les Alpes. Pour l’édition 2017, les organisateurs ont décidé de ne pas mettre si possible deux étapes de même type (plat, vallon, montagne) deux jours consécutifs, ce qui devait permettre aux coureurs de pouvoir se cacher à tour de rôle dans les profondeurs du peloton et de ne pas avoir à rouler à l’avant trop souvent. Cela ne tenait pas compte des sprinters qui vivaient un enfer à chaque étape de montagne, terribles cette année. En effet, ils devaient lutter contre la voiture balai, en sachant que l’étape du lendemain serait ponctuée par un éreintant sprint massif.
Hécatombe chez les sprinters
La 9ème étape du tour sonnait le glas des sprinters. La voiture balai en avala sept et les renvoya à la maison. Les plus grosses pertes dans la course au maillot vert étaient Arnaud Démare et Matteo Trentin. L’équipe du premier fut décimée lors de cette étape avec trois autres FDJ qui ne rentrèrent pas dans les délais. Une étape des plus difficiles qui devait écrémer le peloton des favoris. En plus des nombreux coureurs lâchés par la voiture balai, il y a eu de nombreuses chutes qui mirent fin aux rêves du leader de la BMC Richie Porte (ancien bras droit de Chris Froome à la Sky) et de l’actuel coéquipier de luxe de l’équipe Sky, Geraint Thomas.
Or l’enfer des sprinters ne faisait que commencer. L’enchainement des cols sapait les forces des favoris au maillot vert. Après la 9ème étape qui vit partir Arnaud Démare et Matteo Trentin, le tour dut constater la fatigue du meilleur sprinter de l’année, Marcel Kittel. Il gagna les 10ème et 11ème étapes puis sombra jusqu’à son abandon sur chute 6 étapes plus tard. Notons aussi l’abandon de Fabio Felline lors de la 14ème étape, lui qui avait été proclamé vainqueur du classement par points du Tour d’Espagne 2016. Toutes ces sorties des routes du tour laissèrent alors une voie royale à Michael Matthews dans la lutte pour le maillot vert, les purs sprinters restants dont Andre Greipel et Alexander Kristoff épuisés à force de lutter en montagne pour rester dans les délais.
Délaisserait-t-on les sprinters au profit des grimpeurs ?
La victoire finale sur le Tour de France se joue entre les meilleurs grimpeurs des formations visant le classement général sur les Champs Elysées. Personne ne parierait sur Marcel Kittel ou Andre Greipel pour porter le maillot jaune à Paris. Les favoris se départagent en montagne et se nomment Froome, Bardet, Quintana, Uran, Contador et Aru. Il est certes intéressant de voir la lutte entre ces hommes en montagne, mais les sprinters font tout autant partie de ce sport. Est-il vraiment juste d’éliminer ces derniers en fixant des délais qui les fatiguent lors d’étapes où leurs capacités ne leur permettent pas de briller et qui rendent moins intéressante la course au maillot vert de meilleur sprinter ?
Geoffroy Brändlin
Etudiant en Lettres à l'Université de Lausanne (SUI) et coureur de fond et demi-fond