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Athlétisme : Mbandjock, Spearmon, Wariner champions oubliés

Posté le 20/08/2017 par Geoffroy Brändlin rubrique Athlétisme

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Jeremy Wariner au départ du 400m des mondiaux 2009 à Berlin - Photo Grzgorz Jereczek

Heure de gloire puis difficultés

Martial Mbandjock

Découvert au lycée, Martial Mbandjock, coureur de 100m et 200m, montre son talent dès l’année 2004 au niveau national et international junior. Il rentre dans la cour des grands trois ans plus tard et s’y installe confortablement avec des participations aux mondiaux 2007 à Osaka, aux Jeux olympiques de Pékin l’année suivante et aux championnats du monde indoors en 2008. Il ne parvient malheureusement jamais à accéder à la finale de ces grands rendez-vous. Martial Mbandjock se rattrape alors en 2010 en glanant 2 médailles de bronze et une d’or aux Championnats d’Europe de Barcelone. A la suite de cette réussite athlétique exceptionnelle, voulant fêter avec ses proches ses exploits, il se rend à l’entrée d’une boîte de nuit lilloise où le videur lui refuse l’entrée. L’histoire est très médiatisée et le patron de ce lieu affirme que Mbandjock aurait dû décliner son identité sportive pour rentrer. L’année suivante l’athlète français rejoint le groupe de l’ancien recordman du monde du 100m Maurice Green. Après une bonne saison en salle, il doit faire face à des problèmes physiques qui lui pourrissent la saison 2012 et ruine l’espoir d’une deuxième participation olympique. Depuis, plus de nouvelles du côté du site de l’IAAF et d’autres journaux à part une participation en salle en 2013 en deçà de ses anciennes performances. Nous ne pouvons pas savoir si Martial Mbandjock a pris sa retraite ou s’il cherche à revenir en puissance. A suivre…

Wallace Spearmon

La belle carrière mondiale du sprinter américain débuta en l’année 2005 qui l’amena au titre universitaire et à la médaille d’argent aux mondiaux d’Helsinki sur 200m, seulement devancé par Justin Gatlin. Dès lors, Spearmon explose tant en championnats qu’en Diamond League. Le répit accordé en 2006 par la suspension pour 4 ans de Justin Gatlin (8 ans au départ) fut de courte durée parce que la future légende jamaïcaine Usain Bolt commençait à mûrir. Il réussit néanmoins à le contenir principalement entre 2005 et 2006, le devançant 8 fois au long de sa carrière. Il récolta de très bons résultats en 2007 en glanant la médaille de bronze des mondiaux d’Osaka où il fut devancé par le vainqueur qui ne fut autre que son compatriote Tyson Gay et par Usain Bolt. L’année suivante se montra plus sombre avec une disqualification aux Jeux Olympiques de Pékin sur 200m où, après avoir franchi la ligne en 3ème position, il fut privé de médaille pour avoir mordu sur le couloir voisin. Le coureur américain désireux de se rattraper obtint le bronze dans la course au record du monde des mondiaux de Berlin 2009, puis gagna la Diamond League sur 200m en 2010, profitant de la blessure de Walter Dix, qui l’empêcha celui-ci de valider sa victoire à la finale zurichoise. Les années suivantes ne lui permirent pas de revenir à son meilleur niveau à cause d’une blessure qui le priva des mondiaux de Daegu en 2011 puis lui valut qu’une 4ème place aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Il se fit éliminer en demi-finale du 200m l’année suivante aux mondiaux moscovites puis fut suspendu 3 mois pour dopage en 2014. Il déclara avoir simplement suivi la prescription de son médecin et l’avoir utilisée en toute insouciance afin de traiter une inflammation. Suite à cela, on ne le vit plus que dans des relais avec l’équipe américaine et individuellement dans des meetings moins médiatisés où il ne put obtenir que des résultats de seconde zone. Il continue néanmoins à concourir et affiche des chronos de 10’’18 et de 20’’60 cette année sur le 100m et le 200m.

Jeremy Wariner

Jeremy Wariner est un immense champion. En effet, dès le début de sa carrière il fut désigné comme le successeur de Michael Johnson. Il se distingua par sa capacité d’accélérer sur la dernière ligne droite comme si l’acide lactique l’épargnait. Alors qu’il pratiquait d’abord le basketball et le football américain au lycée, son entraîneur de foot qui entraînait aussi l’équipe d’athlétisme avait décidé de l’envoyer sur le 400m où son talent était déjà reconnu. En effet, sans avoir été entraîné à cet effet, Jeremy Wariner courait déjà le 400m en 50 secondes. Le fait de rejoindre quelques années plus tard à l’université de Baylor l’ancien entraîneur de Michael Johnson le convainc de laisser tomber le football américain pour l’athlétisme. Et les résultats furent immédiats avec le titre olympique à Athènes en 2004. Et ce n’est pas tout car jusqu’en 2008 sa domination est totale. Il glane deux titres mondiaux et domine l’ensemble des meetings mondiaux. Jeremy Wariner claque aussi l’actuelle 4ème meilleure performance mondiale de tous les temps (43’’45) en 2007 (3ème lors de sa performance). Sa domination prend fin avec la montée en puissance de son compatriote LaShawn Merritt qui le devance aux Jeux Olympiques de Pékin 2008 ainsi qu’aux Championnats du monde de Berlin en 2009. Suite à une déchirure au ligament d’un orteil, les performances du champion olympique peinent malheureusement à décoller. L’athlète court toujours mais la disparition de son nom dans les médias nous a empêchés de savoir ce qu’il était devenu et quels étaient ses objectifs d’avenir jusqu’à ce que plusieurs médias en ligne américains annoncent sa retraite le 2 août 2017. Selon The Comeback Jeremy Wariner se lancerait dans le business des sandwiches. En tant qu’athlète, sa dernière performance enregistrée par l’IAAF sur 400m date de 2016 (45’’51).

Désintérêt des médias menant à l’oubli populaire

Malheureusement, les médias ne rapportent pratiquement que l’actualité « sélectionnée ». Ils oublient, souvent inconsciemment, qu’eux-mêmes plongent dans l’oubli des anciens phénomènes qui deviennent des lointains souvenirs mis à la cave d’où personne ne songe à les ressortir. Ces trois athlètes pouvaient être considérés il y quelques années comme « surmédiatisés » mais ont disparu peu à peu des radars en une année ou deux. Que sont-ils devenus ? Que vont-ils devenir ? Malheureusement ces réponses restent floues car l’actualité brûlante du moment surpasse l’envie de répondre à ces questions.

Les mentions honorables

Quelques athlètes auraient aussi pu être cités avec ces trois autres champions comme les américains Walter Dix et Tyson Gay. Le premier double médaillé olympique et mondial a pris la septième place sur 200m aux championnats américains 2017. Il n’a alors pas décroché son ticket pour les mondiaux de Londres. Mais il n’en démord pas et continue d’aligner à l’âge de 31 ans les chronos sous les 21 secondes pour le demi-tour de piste. Le deuxième est un cas à part et pourrait être cité comme athlète en voie de disparition du monde médiatique. Triple champion du monde, Tyson Gay est apparu dans les médias suite à l’effroyable perte de sa fille victime d’une fusillade fin 2016. Âgé de 35 ans, son élimination dès les séries du 100m des trials est quasiment passée inaperçue à cause du passionnant duel Gatlin-Coleman qui s’y présentait. Tyson Gay présente tout de même un chrono de 10’’17 sur la ligne droite en 2017 et sa dernière apparition en finale d’un grand championnat date de 2015.



Geoffroy Brändlin

Etudiant en Lettres à l'Université de Lausanne (SUI) et coureur de fond et demi-fond

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